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torturés là-bas. Préparons nos âmes, pour que nous nous reposions avec nos pères et ne soyons pas suppliciés avec nos ennemis.


Baruch reçoit l’assurance qu’il sera enlevé au ciel comme Hénoch, sans avoir goûté la mort[1]. Nous avons vu cette faveur également octroyée à Esdras par l’auteur de l’apocalypse qui est attribuée à ce dernier.

L’ouvrage de pseudo-Baruch, comme celui de pseudo-Esdras, réussit auprès des chrétiens autant et peut-être plus qu’auprès des juifs. L’original grec se perdit de bonne heure[2] ; mais il s’en fit une traduction syriaque, qui est venue jusqu’à nous. Seule, cependant, la lettre finale fut adoptée pour l’usage de l’Église. Cette lettre entra comme partie intégrante dans la Bible syriaque, au moins chez les jacobites, et on y découpa des leçons pour la liturgie des enterrements. Nous avons vu pseudo-Esdras fournir également à notre office des morts quelques-unes de ses plus sombres pensées. La mort, en effet, semble régner en maîtresse dans ces derniers fruits de l’imagination égarée d’Israël.

  1. §§ 43, 46, 48, 76.
  2. La stichométrie de Nicéphore et la Synopse dite d’Athanase mentionnent, à côté du Baruch canonique, un Baruch pseudépigraphe, qui doit être le nôtre. Mais l’ouvrage n’est jamais cité par les Pères. Il n’a pas dû être traduit en latin.