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comme une impureté ou du moins comme une frivolité[1].

L’homme qui s’annonçait à Iabné et grandissait de jour en jour comme le chef futur d’Israël était un certain Aquiba, élève de Rabbi Tarphon, d’origine obscure, sans lien avec les grandes familles qui tenaient les chaires et les fonctions officielles de la nation. Il descendait de prosélytes et avait eu une jeunesse pauvre. Ce fut, à ce qu’il paraît, une sorte de démocrate, plein d’abord d’une haine farouche contre les docteurs au milieu desquels il devait siéger un jour[2]. Son exégèse et sa casuistique étaient le comble de la subtilité. Chaque lettre, chaque syllabe des textes canoniques devenait significative, et on cherchait à en tirer des conséquences[3]. Aquiba fut l’auteur de la méthode qui, selon l’expression talmudique, « de chaque trait d’une lettre tirait des boisseaux entiers de décisions »[4]. On ne pouvait admettre que, dans le code révélé, il y eût le moindre arbitraire, la moindre

  1. Voir Vie de Jésus, p. 35-36.
  2. Talm. de Jér., Berakoth, iv, 1 ; Talm. de Bab., Ber., 27 b. Aquiba est le talmudiste dont les chrétiens ont le mieux connu la célébrité. Épiphane, hær. xv, xxxiii, 9 ; saint Jérôme, In Is., viii, 14 ; Epist. 151.
  3. Mischna, Sota, v, 1, 4 ; viii, 3 ; Talm. de Bab., Pesachim, 22 b. Voir ci-après, t. VI.
  4. Talm. de Bab., Menachoth, 29 b. Cf. Derenbourg, Palest., p. 399 ; Journal asiat., févr.-mars 1857, p. 246 et suiv.