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Judith et l’Apocalypse d’Esdras, ils crurent que le jour d’Édom était venu. Les cris de joie qu’ils avaient poussés à la mort de Néron, à la mort de Domitien, ils les poussèrent de nouveau. La génération qui avait fait la grande révolution avait presque entièrement disparu ; la nouvelle n’avait rien appris. Ces dures têtes, obstinées et pleines de passion, étaient incapables d’élargir l’étroit cercle de fer qu’une hérédité psychologique invétérée avait rivé autour d’elles.

Ce qui se passa en Judée est obscur, et il n’est pas prouvé qu’aucun acte positif de guerre ou de massacre y ait eu lieu[1]. D’Antioche, où il résidait, Adrien, gouverneur de Syrie, paraît avoir réussi à maintenir l’ordre. Loin de pousser à la révolte, les docteurs de Iabné avaient montré dans l’observation scrupuleuse de la Loi une voie nouvelle pour arriver à la paix de l’âme. La casuistique était devenue entre leurs mains un jouet, qui, comme tous les jouets, devait fort inviter à la patience. Quant à la Mésopotamie, il est naturel que des populations à peine soumises, qui, un an auparavant, s’étaient

  1. Spartien, Adr., v, 2, prouve plutôt une effervescence qu’une prise d’armes. La circonstance que Quietus fut nommé Ἰουδαίας ἡγεμών ou τῆς Παλαιστίνης ἄρχων n’est pas bien démonstrative. Le récit de Barhebræus (l. c.) n’est qu’une amplification maladroite et exagérée de celui d’Eusèbe ou d’Orose.