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la population entière. On évalua le nombre des Chypriotes égorgés à deux cent quarante mille[1]. Le ressentiment de ces cruautés fut tel, que les Chypriotes prononcèrent l’exclusion des juifs de leur île à perpétuité ; même le juif jeté sur les côtes par force majeure était mis à mort.

En Égypte, l’insurrection juive prit les proportions d’une véritable guerre[2]. Les révoltés eurent d’abord l’avantage. Lupus, le préfet de l’Égypte, dut reculer. L’alerte fut vive à Alexandrie. Les Juifs, pour se fortifier, détruisirent le temple de Némésis, élevé par César à Pompée[3]. La population grecque parvint cependant, non sans lutte, à reprendre le dessus. Tous les Grecs de la basse Égypte se réfugièrent avec Lupus dans la ville et en firent comme un grand camp retranché. Il était temps. Les Cyrénéens, conduits par Lucova, arrivaient pour se joindre à leurs frères d’Alexandrie et pour former avec eux une seule armée. Privés de l’appui de leurs coreligionnaires alexandrins, tous tués ou prisonniers, mais grossis par des bandes venues des autres parties de

  1. Dion Cassius, Eusèbe, Orose, l. c.
  2. Appien, Arabica, fragm. découvert par M. Miller : ἀνὰ τὸν πόλεμον τὸν ἐν Αἰγύπτῳ γενόμενον… γῇ πολεμουμένῃ… πάντων πολεμίων ὄντων, etc.
  3. Appien, Bell. civ., II. 90. Cf. Dion Cassius. LXIX, 11 ; Spartien, Adr., 14.