Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/541

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ignace fut une faveur presque aussi grande que d’avoir vu saint Paul[1]. La haute autorité du martyr fut une des raisons qui contribuèrent le plus à donner gain de cause à ce groupe, dont le droit d’exister dans l’Église de Jésus était encore si contesté. Vers l’an 170, un disciple de saint Paul, zélé pour l’établissement de l’autorité épiscopale, conçut le projet, à l’imitation des épîtres pastorales attribuées à l’apôtre, de composer, sous le nom d’Ignace, une série d’épîtres, destinées à inculquer une conception antijuive du christianisme, ainsi que des idées de stricte hiérarchie et d’orthodoxie catholique, en opposition avec les erreurs des docètes et de certaines sectes gnostiques. Ces écrits, que l’on voulait faire croire avoir été recueillis par Polycarpe[2], furent acceptés avec empressement, et eurent, dans la constitution de la discipline et du dogme, une influence capitale.

À côté d’Ignace, nous voyons figurer, dans les documents les plus anciens[3], deux personnages qu’on semble lui associer, Zosime et Rufus. Ignace ne paraît

  1. Polyc., Ad Phil., 9.
  2. Polyc., Ad Phil., 13. Ce post-scriptum est en toute hypothèse apocryphe.
  3. Polycarpe, Ad Phil., 9. Cf. Martyrol. rom., 15 kal. jan.