Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/534

Cette page a été validée par deux contributeurs.

évêque de Smyrne, put le voir et garda de lui un profond souvenir[1]. Ignace eut à cet endroit une correspondance étendue[2] ; ses lettres étaient accueillies avec presque autant de respect que des écrits apostoliques. Entouré de courriers d’un caractère sacré qui allaient et venaient, il ressemblait plus à un personnage puissant qu’à un prisonnier. Ce spectacle frappa les païens eux-mêmes et servit de base à un curieux petit roman qui est venu jusqu’à nous[3].

Les épîtres authentiques d’Ignace paraissent à peu près perdues ; celles que nous possédons sous son nom adressées aux Éphésiens, aux Magnésiens, aux Tralliens, aux Philadelphiens, aux Smyrniotes, à Polycarpe, sont apocryphes[4]. Les quatre premières auraient été écrites de Smyrne, les deux dernières d’Alexandria Troas. Ces six ouvrages sont des décalques de plus en plus affaiblis d’un même type. Le génie, le caractère individuel y manquent absolument. Mais il semble que, parmi les lettres qu’Ignace écrivit de Smyrne, il y en eut une adressée aux fidèles de Rome, à l’imitation de saint

  1. Polyc., Epist. ad Phil., § 9. Rappelons qu’il y a des doutes graves sur l’authenticité de cette épître.
  2. Epist. ad Rom., §§ 4, 9, 10.
  3. Lucien, Peregrinus, § 11 et suiv.
  4. Voir l’Introduction, en tête de ce volume.