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encourage l’apostasie en faisant grâce aux renégats[1]. Enseigner, conseiller, récompenser l’acte le plus immoral, celui qui rabaisse le plus l’homme à ses propres yeux, paraît tout naturel. Voilà l’erreur où un des meilleurs gouvernements qui aient jamais existé a pu se laisser entraîner, parce qu’il a touché aux choses de la conscience et conservé le vieux principe de la religion d’État, principe tout naturel dans les petites cités antiques, qui n’étaient qu’une extension de la famille, mais funeste dans un grand empire, composé de parties n’ayant ni la même histoire, ni les mêmes besoins moraux.

Ce qui ressort également avec évidence de ces inappréciables documents, c’est que les chrétiens ne sont plus persécutés comme juifs, ainsi que cela eut lieu sous Domitien ; ils sont persécutés comme chrétiens. La confusion ne se produisit plus dans le monde juridique, bien que dans le vulgaire elle se fît souvent encore[2]. Le judaïsme n’était pas un délit[3] ; il avait même, en dehors des jours de ré-

  1. Tertullien, Apol., 2, 5.
  2. Spartien, Septime Sévère, 16 ; Caracalla, 1 ; Lampride, Alex. Sév., 22, 45, 51, et surtout la lettre d’Adrien, dans Vopiscus, Saturn., 8.
  3. L’opposition est bien indiquée dans saint Justin, Dial. cum Tryph., 39, fin.