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voyait partout le spectre des hétéries et s’inquiétait d’une société de cent cinquante ouvriers institués par l’autorité pour combattre les incendies[1]. Pline rencontra plusieurs fois sur son chemin ces innocents sectaires, dont il ne voyait pas bien le danger. Dans les différents stages de sa carrière d’avocat et de magistrat, il n’avait jamais été mêlé à aucun procès contre les chrétiens. Les dénonciations se multipliaient chaque jour ; il fallut procéder à des arrestations. Le légat impérial, suivant les procédés sommaires de la justice du temps, fit quelques exemples ; il décida l’envoi à Rome de ceux qui étaient citoyens romains ; il fit mettre à la question deux diaconesses. Tout ce qu’il découvrit lui parut puéril. Il eût voulu fermer les yeux ; mais les lois de l’empire étaient absolues ; les délations dépassaient toute mesure ; il se voyait mis en demeure d’arrêter le pays entier.

C’est à Amisus[2], sur la mer Noire, dans l’automne de l’an 112[3], que ces embarras devinrent

  1. Hetæriæque brevi fient. Ibid., X, 33, 34.
  2. Aujourd’hui Samsoun.
  3. L’ordre chronologique des Lettres de Pline à Trajan se laisse rétablir avec certitude (voir Mommsen, op. cit., p. 25-30. et l’édition de Keil, Leipzig, 1870), De cet ordre chronologique, l’itinéraire administratif de Pline se déduit facilement (Mommsen, p. 30).