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eut pas sous Trajan ce qu’on appela, sous Dèce, sous Dioclétien, une persécution générale ; mais l’état de l’Église fut instable, inégal. On dépendait de caprices, et ceux de ces caprices qui venaient de la foule étaient d’ordinaire plus à craindre que ceux qui venaient des agents de l’autorité. Parmi les agents de l’autorité eux-mêmes, les plus éclairés, Tacite, par exemple, et Suétone, nourrissaient contre « la superstition nouvelle » les préjugés les plus enracinés[1]. Tacite regarde comme le premier devoir d’un bon politique d’étouffer en même temps le judaïsme et le christianisme, « funestes pousses sorties du même tronc »[2].

Cela se vit d’une manière bien sensible quand un des hommes les plus honnêtes, les plus droits, les plus instruits, les plus libéraux du temps se trouva mis par ses fonctions en présence du problème qui commençait à se poser et embarrassait les meilleurs esprits. Pline fut nommé en l’an 111 légat impérial extraordinaire dans les provinces de Bithynie et de Pont[3], c’est-à-dire dans tout le nord de

    iiie siècle, l’opinion chrétienne est favorable à Trajan (Carm. sibyll., X, 147-163). Sur la prétendue inscription des trente martyrs de l’an 107, voyez de Rossi, Inscr. christ., I, 3.

  1. Tacite, Ann., XV, 44 ; Suétone, Néron, 16.
  2. Phrases de Tacite dans Sulpice Sévère, II, 30 (Bernays).
  3. La date de la légation de Pline a été fixée avec précision