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monde par intervalles. Jésus fut une de ces apparitions. Adam avait été la première[1]. Ces rêves font penser aux avatars de Vischnou et aux vies successives de Krichna.

On sent dans tout cela le syncrétisme grossier d’un sectaire, fort ressemblant à Mahomet, qui brouille et confond à froid, selon son caprice ou son intérêt, les données qu’il prend de droite et de gauche. L’influence la plus reconnaissable est celle du naturalisme persan et de la cabbale babylonienne. Les elkasaïtes adoraient l’eau comme source de vie et détestaient le feu. Leur baptême, administré « au nom du grand Dieu très-haut, et au nom de son fils, le grand roi », effaçait tous les péchés et guérissait toutes les maladies, quand on y joignait l’invocation des sept témoins mystiques, le ciel, l’eau, les esprits saints, les anges de la prière, l’huile, le sel, la terre[2]. Aux esséens Elkasaï empruntait les abstinences, l’horreur des sacrifices sanglants[3]. Le privilège d’annoncer l’avenir et de guérir les maladies par des

  1. Épiph., hær. xxx, 3 ; liii, 1 ; Philos., IX, 14 ; X, 29 ; Théodoret, l. c. C’est la doctrine pseudo-clémentine des Récognitions et des Homélies.
  2. Philos., IX, 15 ; Épiph., xix, 1. Comp. I Joh., v, 6-8 ; Homélies pseudo-clém., Contest. Jacobi, en tête, c. 1 et 2 ; Apocal. d’Adam, Journal asiat., nov.-déc. 1853, p. 427 et suiv.
  3. Épiph., xix, 3 ; liii, 1.