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avait eus avec Jean. Aristion et Presbyteros Johannes vécurent des mêmes souvenirs[1]. Avoir vu Pierre, André, Thomas, Philippe, devint le titre capital aux yeux de ceux qui voulaient savoir la vérité sur l’apparition du Christ[2]. Les livres, comme nous l’avons dit vingt fois, comptaient pour peu de chose ; la tradition orale était tout. La transmission de la doctrine et la transmission des pouvoirs apostoliques furent conçus comme attachés à une sorte de délégation, d’ordination, de consécration, dont la source première était le collège apostolique. Bientôt chaque Église voulut montrer la succession des hommes qui faisaient la chaîne en remontant depuis le temps où l’on vivait jusqu’aux apôtres. La préséance ecclésiastique fut conçue comme une sorte d’inoculation de pouvoirs spirituels, ne souffrant pas d’interruption. Les idées de hiérarchie sacerdotale faisaient ainsi de rapides progrès ; l’épiscopat se constituait chaque jour.

Le tombeau de Jean était montré à Éphèse, quatre-vingt-dix ans plus tard[3] ; il est probable que

  1. Papias, dans Eus., H. E., III, xxxix, 4.
  2. Papias, ibid.
  3. Polycrate, dans Eus., H. E., III, xxxi, 3, et V, xxiv, 3 ; Denys d’Alexandrie, dans Eus., H. E., VII, xxv, 16 ; Eus., H. E., III, xxxix, 6.