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culier les parties de la vie de Jésus qui s’étaient passées à Jérusalem offraient plus de développement[1]. Nous croyons que l’apôtre Jean, dont le caractère paraît avoir été assez personnel, et qui, dès le vivant de Jésus, aspirait, avec son frère, à la première place dans le royaume de Dieu, se donnait assez naïvement cette place, dans ses récits. S’il lut les Évangiles de Marc ou de Luc, ce qui est possible, il dut trouver qu’il n’y était pas assez question de lui, que l’importance qu’on lui attribuait n’était pas en rapport avec celle qu’il avait eue. Il tenait à ce qu’on sût qu’il avait été le disciple particulièrement aimé de Jésus ; il voulait qu’on crût qu’il avait joué le premier rôle dans le drame évangélique. Avec sa vanité de vieillard, il tirait à lui toute l’importance, et ses longues histoires avaient souvent pour but de montrer qu’il avait été le disciple favori de Jésus, qu’aux moments solennels lui seul avait reposé sur son cœur, que Jésus lui avait confié sa mère, que, dans une foule de circonstances où l’on attribuait le premier rôle à Pierre, ce rôle lui avait appartenu, à lui Jean. Son grand âge prêtait à toute sorte de réflexions ; sa longévité passait pour un signe du Ciel. Comme d’ailleurs une parfaite bonne foi ne distinguait pas

  1. Voir Vie de Jésus, 13e édit. [et suiv.], appendice.