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la doctrine chrétienne. En s’opposant à lui, en le niant, l’Église chrétienne fit le plus grand pas qu’elle eût encore fait vers la constitution d’une orthodoxie.

Par ces luttes et ces contradictions, en effet, la théologie chrétienne se développait. La personne de Jésus et les combinaisons singulières de l’homme et de la Divinité qu’on était amené à supposer en lui formaient la base de ces spéculations. Nous verrons le gnosticisme naître d’un courant d’idées toutes semblables, et chercher à son tour à décomposer l’unité du Christ ; mais l’Église orthodoxe sera constante à repousser de telles conceptions ; l’existence du christianisme, fondé sur la réalité de l’action personnelle de Jésus, était à ce prix.

Jean se consolait sans doute de ces aberrations, fruits d’un esprit étranger à la tradition galiléenne, par la fidélité et l’affection dont l’environnaient ses disciples[1]. En première ligne[2] était un jeune Asiate, nommé Polycarpe, qui devait avoir trente ans lors

  1. L’impression de tristesse causée par la multiplication des sectes et des schismes vers l’an 100 se retrouve peut-être dans les discours prêtés à Jésus, Jean, xvii, etc. Cf. I Joh., i, 17.
  2. C’est gratuitement qu’on a rattaché Ignace et Papias à l’école de Jean. Irénée, V, xxxiii, 4 (cf. Eus., H. E., III, xxxix, 1, 2) ; Eus. et saint Jérôme, Chron., p. 162-163, Schœne ; Mart. Ign., 3 ; Cureton, Corp. ign., p. 221, 252.