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théologie des hypostases en une philosophie parallèle à celle du christianisme[1]. Jésus paraît être resté en dehors de ces spéculations, qui, s’il les connut, durent offrir peu de charme à son imagination poétique et à son cœur aimant. Son école, au contraire, en fut pour ainsi dire assiégée : Apollos n’y demeura peut-être pas étranger ; saint Paul, dans les derniers temps de sa vie, paraît s’en être laissé fortement préoccuper[2]. L’Apocalypse donne pour nom mystérieux à son Messie triomphant : Λόγος τοῦ θεοῦ[3]. Le judéo-christianisme, fidèle à l’esprit du judaïsme orthodoxe, ne laissait entrer dans son sein de telles idées qu’en une mesure assez restreinte. Mais, quand les Églises hors de Syrie se furent détachées de plus en plus du judaïsme, l’invasion de ce nouvel esprit s’accomplit avec une force irrésistible. Jésus, qui n’avait été d’abord pour la plupart de ses adhérents qu’un prophète, un fils de Dieu, en qui les plus exaltés avaient vu le Messie ou bien ce Fils de l’homme que pseudo-Daniel avait montré comme le centre brillant des apparitions futures, devient maintenant le Logos, la Raison, le Verbe de Dieu. Éphèse paraît l’endroit où cette

  1. L. Ménard, Hermès Trismégiste (Paris, 1866).
  2. Voir l’Antechrist, p. 74 et suiv.
  3. Voir l’Antechrist, p. 443.