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de mystère, paraît avoir été fort entouré. On lui attribuait des miracles et jusqu’à des résurrections de morts[1]. Un cercle de disciples se pressait autour de lui. Que se passa-t-il dans ce cénacle intime ? Quelles traditions s’y élaborèrent ? Quels récits faisait le vieillard ? N’adoucit-il point, dans ses derniers jours, la forte antipathie qu’il avait toujours montrée contre les disciples de Paul ? Dans ses récits, ne cherchait-il pas, comme cela lui arriva plus d’une fois du vivant de Jésus, à s’attribuer la première place à côté de son maître, à se mettre le plus près possible de son cœur ? Quelques-unes des doctrines qu’on donna plus tard pour johanniques commençaient-elles à s’agiter déjà entre un maître âgé, fatigué, et de jeunes esprits, tournés vers les nouveautés, cherchant peut-être à persuader au vieillard qu’il avait toujours eu pour son compte les idées qu’ils lui suggéraient ? Nous l’ignorons, et c’est ici l’une des plus graves difficultés qui planent sur les origines du christianisme. Cette fois, en effet, ce n’est pas seulement l’incertitude et l’exagération des légendes qu’il faut accuser[2]. Il y eut probablement au sein de

  1. Apollonius, dans Eus., H. E., V, xviii, 14.
  2. Les anecdotes sur la vieillesse de Jean ont peu d’autorité ; elles ont été pour la plupart conçues d’après le caractère qui résulte des prétendues épîtres johanniques. Clément d’Alex., dans