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Pline l’ancien est curieux, mais n’a aucune critique. Tacite, Pline le jeune, Suétone, évitent de se prononcer sur l’inanité des plus ridicules imaginations. Pline le jeune croit à de puériles histoires de revenants[1]. Épictète veut que l’on pratique le culte établi[2]. Même un écrivain aussi frivole qu’Apulée se croit obligé de prendre, quand il s’agit des dieux, le ton d’un conservateur rigide[3]. Un seul homme, vers le milieu de ce siècle, paraît tout à fait exempt de croyances surnaturelles, c’est Lucien. L’esprit scientifique, qui est la négation du surnaturel, n’existait plus que chez un très-petit nombre ; la superstition envahissait tout, énervait toute raison.

En même temps que la religion corrompait la philosophie, la philosophie cherchait des conciliations apparentes avec le surnaturel[4]. Une théosophie niaise et creuse, mêlée d’imposture, devenait à la mode. Apulée appellera bientôt les philosophes « les prêtres de tous les dieux »[5] ; Alexandre d’Abonotique fondera un culte avec des prestiges de jongleur. Le charlatanisme religieux, la thaumaturgie, relevée par un faux vernis de philoso-

  1. Epist., VII, 27.
  2. Manuel, xxxi, 5.
  3. Florida, I, 1 ; De magia, 41, 55, 56, 63.
  4. Apulée, De Deo Socratis, 17.
  5. De magia, 41.