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Certes, d’après nos idées, Trajan, Marc-Aurèle eussent mieux fait d’être tout à fait libéraux, de concéder pleinement le droit d’association, de reconnaître les corporations comme capables de posséder, sauf, en cas de schisme, à partager les propriétés de la corporation entre les membres, en proportion du nombre des adhérents de chaque parti. Ce dernier point eût suffi pour écarter tous les dangers. Déjà, dès le iiie siècle, c’est l’empire qui maintient l’unité de l’Église en posant en règle que l’évêque véritable d’une ville est celui qui correspond avec l’évêque de Rome et est reconnu par ce dernier[1]. Que serait-il arrivé au ive, au milieu de ces luttes ardentes de l’arianisme ? Des scissions sans nombre et irrémédiables. Les empereurs, puis les rois barbares purent seuls y mettre fin, en tranchant la question de savoir qui était le vrai orthodoxe, qui était l’évêque canonique. Les corporations sans lien avec l’État ne sont jamais bien redoutables à l’État, quand l’État reste réellement neutre, ne se fait pas juge des dénominations, et, dans les procès qu’on porte devant lui pour la possession des biens, observe le règle de partager le capital social au prorata du nombre. De la sorte, toutes les associations dangereuses pour la

  1. Affaire de Paul de Samosate.