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gion très-conservateurs[1]. On ne voyait de salut que dans le vieil esprit romain. Marc-Aurèle, si philosophe, n’est nullement exempt de superstitions. C’est un rigide observateur de la religion officielle[2]. La confrérie des saliens n’avait pas de membre plus exact. Il affectait de ressembler à Numa, dont il prétendait tirer son origine, et maintenait avec sévérité les lois qui interdisaient les religions étrangères[3]. Dévotions de l’avant-veille de la mort ! Le jour où l’on tient le plus à ces souvenirs est celui où ils égarent. Combien n’a-t-il pas nui à la maison de Bourbon de trop penser à saint Louis et de prétendre se rattacher à Clovis et à Charlemagne !

À cette forte préférence pour le culte national se joignait, chez les grands empereurs du iie siècle, la crainte des hétéries, cætus illiciti, ou associations susceptibles de devenir des factions dans les villes[4]. Un simple corps de pompiers était suspect[5]. Trop de monde à une fête de famille inquiétait l’autorité.

  1. Pline, Panég., 52. Pline, Epist., VIII, 24 : « Reverere conditores deos et numina deorum. » Comp. l’inscription, Corp. inscr. lat., vol. III, no 567, et les additamenta ; Mém. des sav. êtr. de l’Acad. des insc., VIII, 1re partie, p. 1 et suiv.
  2. Marc-Aurèle, Pensées, II, 11 ; VI, 30 ; IX, 11 ; XII, 28.
  3. Capitolin, Marc-Aurèle, 4, 13, 15, 20, 26, 27, 28, 29.
  4. Pline, Epist., X, 34 (43), 93 (94), 96 (97), édit. Keim.
  5. Epist., X, 33 (42), 34 (43).