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d’une manière beaucoup plus suivie au iie siècle. Déjà, sous Tibère, un Valère Maxime, faiseur de livres médiocres, doublé d’un malhonnête homme, prêche la religion avec un air de conviction qui étonne. Nous avons vu de même Domitien exercer une forte protection en faveur du culte latin, essayer une sorte d’union « du trône et de l’autel ». Tout cela se faisait par un sentiment analogue à celui qui rattache de nos jours au catholicisme une foule de personnes peu croyantes, mais persuadées que ce culte est la religion de la France. Martial et Stace, gazetiers de la chronique scandaleuse du temps, qui regrettaient au fond les beaux jours de Néron, deviennent graves, religieux, applaudissent à la censure des mœurs, prêchent le respect de l’autorité. Les crises sociales et politiques ont d’ordinaire pour effet de provoquer ces sortes de réactions. Une société en péril se rattache à ce qu’elle peut. Un monde menacé se range ; persuadé que toute pensée tourne à mal, il devient timide, retient en quelque sorte sa respiration ; car il craint que tout mouvement ne fasse crouler le frêle édifice qui lui sert d’abri.

Trajan et ses successeurs n’eurent garde de renouveler les tristes excès d’hypocrisie sournoise qui caractérisèrent le règne de Domitien. Cependant ces princes et leur entourage se montrèrent en reli-