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pour les petits, pour les pauvres, pour les étrangers, pour les Syriens, pour tous les gens qu’Auguste appelait dédaigneusement « les Grecs », et à qui il permettait des adulations interdites aux Italiotes[1]. Ces dédaignés prendront leur revanche, en montrant qu’eux aussi ont leur noblesse et sont capables de vertu.

La question de liberté se posait comme elle ne s’était posée dans aucune des républiques de l’antiquité. La cité antique, qui n’était que la famille agrandie, ne pouvait avoir qu’une religion, celle de la cité elle-même ; cette religion était presque toujours le culte des fondateurs mythiques, de l’idée même de la cité. En ne la pratiquant pas, on s’excluait de la cité. Une telle religion était logique en se montrant intolérante ; mais Alexandre eût été déraisonnable, Antiochus Épiphane le fut au plus haut degré, en voulant persécuter au profit d’un culte particulier, puisque leurs États, résultant de conquêtes, se formaient de cités diverses, dont l’existence politique avait été supprimée. César comprit cela avec sa merveilleuse lucidité d’esprit. Puis l’étroite idée de la cité romaine reprit le dessus, faiblement et par courtes intermittences au ier siècle,

  1. Dion Cassius, LI, 20. Cf. Suétone, Aug., 98.