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judaïsme et le christianisme en souffrirent. Nous avons vu à deux reprises, au ier siècle, sous Néron et sous les Flavius, les juifs et les chrétiens approcher de la maison de l’empereur et y exercer une influence considérable. De Nerva à Commode, ils en resteront à mille lieues. D’une part, les juifs n’ont plus de noblesse : les juifs mondains, comme les hérodiens, les Tibère Alexandre, sont morts ; tout israélite est désormais un fanatique séparé du monde par un abîme de mépris. Un amas d’impuretés, d’inepties, d’absurdités, voilà ce qu’est le mosaïsme pour les hommes les plus éclairés du temps[1]. Les juifs semblent à la fois superstitieux et irréligieux, athées et voués aux plus grossières croyances[2]. Leur culte paraît un monde renversé, un défi à la raison, une gageure de contrarier en tout les coutumes des autres peuples[3]. Travestie d’une manière grotesque, leur histoire sert de thème à des plaisanteries sans fin[4] ; on y voit généralement une forme du culte de Bacchus[5]. « Antiochus, disait-on, avait essayé

  1. « Instituta sinistra, fœda, pravitale valuere… Pessimus quisque… Mos absurdus sordidusque… Teterrimam gentem… colluvie… pervicacissimus quisque… » Tac., Hist., V, 5, 8, 12.
  2. Tac., Hist., V, 5, 8, 13.
  3. Tac., Hist., V, 4.
  4. Tac., Hist., V, 2-4.
  5. Tac., Hist., V, 5. Cf. Plutarque, Quæst. conv., IV, 5 et 6.