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phie devenait oratoire, littéraire, prêcheuse, visant plus à l’amélioration morale qu’à la satisfaction de la curiosité. Une foule de personnes en faisaient leur règle et même la loi de leur vie extérieure. Musonius Rufus et Artémidore étaient de vrais confesseurs de leur foi, des héros de la vertu stoïque[1]. Euphrate de Tyr offrait l’idéal du philosophe galant homme ; sa personne avait un grand charme, ses manières étaient de la plus rare distinction[2]. Dion Chrysostome créait un genre de conférences voisin du sermon, et obtenait d’immenses succès sans sortir jamais du ton le plus élevé[3]. Le bon Plutarque écrivait pour l’avenir la Morale en action du bon sens, de l’honnêteté, et imaginait cette antiquité grecque, douce et paterne, peu ressemblante à la vraie (laquelle fut resplendissante de beauté, de liberté et de génie), mais mieux accommodée que la vraie aux besoins de l’éducation. Épictète, lui, avait les paroles de l’éternité, et prenait

  1. Pline, Lettres, III, 11. Se défier de Philostrate, qui, surtout dans sa Vie d’Apollonius, a tout à fait faussé le caractère de ces grands hommes, et leur a donné un air de théosophie qu’ils n’eurent pas. Lucien, en ces matières, est aussi plus romancier qu’historien de la philosophie.
  2. Pline, Lettres, I, 10. Cf. Manuel d’Epict., xxix, 1 ; Arrien, Dissert. Epict., IV, viii, 15 ; Philostrate, Soph., I, vii, 3 ; xxv, 11 ; Dion Cassius, LXIX, 8.
  3. Voir ses œuvres et Philostrate, Soph., I, vii.