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Hermas paraît l’imiter pour le plan, l’ordre et l’agencement des visions, le tour du dialogue. Clément d’Alexandrie en fait grand cas encore[1]. L’Église grecque, s’éloignant de plus en plus du judéo-christianisme, l’abandonne et laisse se perdre l’original[2]. L’Église latine est partagée. Les docteurs instruits, tels que saint Jérôme[3], voient le caractère apocryphe de toute la composition et la repoussent avec mépris, tandis que saint Ambroise en fait plus d’usage que de n’importe quel livre saint, et ne la distingue en rien des Écritures révélées[4]. Vigilance y puise le germe de son hérésie sur l’inutilité de la prière pour les morts. La liturgie y fait des emprunts[5]. Roger Bacon l’allègue avec respect. Christophe Colomb[6] y trouve des arguments pour l’existence d’une autre terre.

  1. Strom., I, xxi, p. 330 édit. Paris ; III, xvi, p. 468. Cf. IV Esdr., v, 35.
  2. Elle n’est pas dans la Synopse attribuée à saint Athanase. Nicéphore (canon 4) la rejette. Anastase le Sinaïte (§ 1) et le catalogue publié par Cotelier (Patres apost., I, p. 197) la rangent parmi les apocryphes.
  3. Præf. in Esdr. et Neh., ad Domnionem et Rogatianum ; Contre Vigilance, c. 10.
  4. De bono mortis, c. 10, 11, 12 ; De Spir. sancto., II, 6 ; De excessu Satyri, I, 66, 68, 69 ; Epist. 38, ad Horontianum ; Comment. sur Luc, II, 31.
  5. Hilg., Mess. Jud., p. xxiv, 70, 147 ; Volkmar, IV Buch Esra, p. 273, 376 ; Le Hir, Études bibl., I, p. 140, 141, 173.
  6. Navarrete, Colleccion, I, p. 261.