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tues. L’auteur de l’Apocalypse d’Esdras avait peut-être dans sa jeunesse combattu en Judée ; parfois il semble regretter de ne pas y avoir trouvé la mort[1]. On sent que le feu n’est pas éteint, qu’il couve sous la cendre et que, avant d’abdiquer ses espérances, Israël tentera encore plus d’une fois le sort. Les révoltes juives sous Trajan et sous Adrien répondront à ce cri enthousiaste. Il faudra l’extermination de Béther pour avoir raison de la nouvelle génération de révolutionnaires sortie des cendres des héros de 70.

La fortune de l’Apocalypse d’Esdras fut aussi étrange que l’ouvrage lui-même. Comme le livre de Judith et le discours sur l’Empire de la raison, elle fut négligée des juifs, aux yeux desquels tout livre écrit en grec devint bientôt un livre étranger ; mais, dès son apparition, elle fut adoptée avec empressement par les chrétiens et tenue pour un livre du canon du Vieux Testament, écrit réellement par Esdras. L’auteur de l’épître attribuée à saint Barnabé[2], l’auteur de l’épître apocryphe qu’on appelle la Deuxième de Pierre[3], l’ont certainement lue. Le faux

  1. Ch. xii, 44-45.
  2. Comp. surtout Barn., c. 6, et IV Esdr., v, 42 (rapprochement douteux) ; Barn., c. 12, et IV Esdr., v, 5 ; Barn., c. 4, et IV Esdr., viii, 3 (confusion avec Matth., xx, 16 ; xxii, 41).
  3. Comp. II Petri, i, 19, et IV Esdr., xii, 42.