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et exterminés sur place. Alors le peuple juif respirera. Dieu le conservera en joie jusqu’au jour du jugement[1].

On ne peut guère douter d’après cela que l’auteur n’ait écrit sous le règne de Nerva, règne qui parut sans solidité ni avenir, à cause de l’âge et de la faiblesse du souverain, jusqu’à l’adoption de Trajan (fin de 97). L’auteur de l’Apocalypse d’Esdras, comme l’auteur de l’Apocalypse de Jean[2], étranger à la vraie politique, croit que l’empire qu’il hait et dont il ne voit pas les ressources infinies, touche au terme de ses destinées. Les auteurs des deux révélations, juifs passionnés, battent des mains par avance sur la ruine de leur ennemie. Nous verrons les mêmes espérances se renouveler après les échecs de Trajan en Mésopotamie[3]. Toujours à l’affût des moments de faiblesse de l’empire, le parti juif, à chaque point noir à l’horizon, poussait d’avance des cris de triomphe et applaudissait par anticipation. L’espérance d’un empire juif, succédant à l’empire romain[4], remplissait encore ces brûlantes âmes, que les effroyables massacres de l’an 70 n’avaient pas abat-

  1. Ch. xii, 33-34.
  2. V. L’Antechrist, p. 434 et suiv.
  3. Ci-après, p. 503 et suiv.
  4. Cf. Ch. vi, 7 et suiv.