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soupir qu’on est damné et torturé, ou bien s’écoule-t-il un intervalle durant lequel on est gardé en repos jusqu’au jugement[1]. Selon l’auteur, le sort de chacun est fixé à la mort[2]. Les méchants, exclus des dépôts d’âmes, sont à l’état d’esprits errants, tourmentés provisoirement de sept supplices, dont les deux principaux sont de voir le bonheur dont on jouit dans l’asile des âmes justes et d’assister aux préparatifs du supplice qui leur est destiné à eux-mêmes[3]. Les justes, gardés dans les dépôts par des anges, jouissent de sept joies, dont la plus sensible est de voir les angoisses des méchants et les supplices qui les attendent[4]. L’âme, au fond miséricordieuse, de l’auteur proteste contre les monstruosités de sa théologie. « Les justes du moins, demande Esdras, ne pourront-ils pas prier pour les damnés, le fils pour son

    partie une interpolation chrétienne. L’interpolation serait antérieure à saint Ambroise et à Vigilance (voir ci-après, p. 371) ; elle devrait être du iiie siècle ; or, à cette époque, la tendance de la théologie chrétienne n’était pas d’exagérer les doctrines de la damnation.

  1. Fragm. Bensly, v. 75-76.
  2. Fragm. Bensly, 78 et suiv. Comp. saint Luc (Lazare et le bon larron).
  3. Comp. saint Hippolyte, édit. Lagarde, p. 68-69.
  4. Fragm. Bensly, v. 93 et suiv. Comp. Recogn., II, 13 ; saint Hippolyte, l. c., et surtout l’horrible passage de Tertullien, De spectaculis, 30.