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de beaucoup les limites de l’Église de Corinthe. Il n’y eut pas d’écrit plus imité, plus cité. Polycarpe[1] ou celui qui a écrit l’épître qu’on lui attribue, l’auteur des épîtres apocryphes d’Ignace[2], l’auteur du morceau faussement appelé Deuxième Épître de saint Clément[3], y font des emprunts comme à un écrit presque su par cœur et qu’on s’était incorporé. La pièce fut lue dans les Églises comme une écriture inspirée[4]. Elle prit place parmi les annexes du canon du Nouveau Testament. C’est dans un des plus anciens manuscrits de la Bible (le Codex Alexandrinus) qu’elle a été retrouvée à la suite des livres de la nouvelle alliance et comme l’un d’eux[5].

La trace laissée à Rome par l’évêque Clément fut profonde[6]. Dès les temps les plus anciens, une église

  1. Comp. Clém., 1, à Polyc., 4 ; Clém., 5, à Polyc., 9 ; Clém., 7, à Polyc., 7 ; Clém., 9, à Polyc., 2 ; Clém., 13, à Polyc., 2 ; Clém., 21, à Polyc., 4.
  2. Ad Polyc., 5. Cf. Clém., 38, 48.
  3. Ch. 11. Comp. I Clém., 23. Les traces d’imitation de Clément qu’on croit trouver dans l’Épître dite de Barnabé sont peu caractérisées.
  4. Denys de Cor., l. c. ; Eusèbe, H. E., III, 16, 38 ; IV, 23 ; saint Jérôme, De viris ill., 15 ; Canones apostol., 85 (Lagarde, Rel. jur. eccl. ant., p. 35.)
  5. Credner, Gesch. des neut. Kan., p. 239, 244. Cf. ibid., p. 247, 252, etc.
  6. Irénée, III, iii, 3.