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même esprit de grâce répandu sur nous, une même vocation en Christ[1] ? Pourquoi déchirons-nous, écartelons-nous les membres de Christ ? Pourquoi faisons-nous la guerre à notre propre corps, et en venons-nous à ce point de folie d’oublier que nous sommes les membres les uns des autres ?… Votre schisme a égaré plusieurs personnes, en a découragé d’autres, en a jeté certains dans le doute et nous a mis tous dans l’affliction ; et néanmoins votre sédition persévère. Prenez l’épître du bienheureux Paul l’apôtre[2]. Quelle est la première chose dont il vous écrivit, au début de l’Évangile ? Certes, l’esprit de vérité lui dictait ce qu’il vous manda touchant Cephas, Apollos et lui-même[3]. Dès lors vous aviez parmi vous des cabales ; mais ces cabales étaient moins coupables qu’aujourd’hui. Vos préférences se partageaient entre des apôtres autorisés et un homme qu’ils avaient approuvé. Maintenant, considérez qui sont ceux qui vous ont dévoyés et ont porté atteinte à cette réputation de charité fraternelle qui vous rendait vénérables. Il est honteux, mes bien-aimés, il est très-honteux et indigne de la piété chrétienne d’entendre dire que cette Église de Corinthe, si ferme, si ancienne, est en révolte contre ses anciens, à cause d’un ou deux personnages. Et ce bruit est venu non-seulement jusqu’à nous, mais jusqu’à ceux qui nous sont peu bienveillants ; en sorte que le nom du Seigneur est blasphémé par suite de votre imprudence[4], et que vous vous créez des périls… Tel fidèle est spécia-

  1. Ch. 46.
  2. Ch. 47.
  3. I Cor., 1.
  4. Comp. Rom., ii, 24.