Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/368

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tables de votre cœur. Vous étiez dans la gloire et l’abondance, et en vous s’est accompli ce qui est écrit : « Le bien-aimé a bu et mangé ; il a été dans l’abondance, il s’est engraissé, et il a regimbé[1]. De là, en effet, sont venus la jalousie et la haine, les disputes et la sédition, la persécution et le désordre, la guerre, et la captivité. Ainsi les personnes les plus viles se sont élevées contre les plus considérables ; les insensés contre les sages, les jeunes contre les anciens. Ainsi la justice et la paix se sont éloignées, depuis que la crainte de Dieu a fait défaut, que la foi s’est obscurcie, que tous veulent non suivre les lois, ni se gouverner suivant les maximes de Jésus-Christ, mais suivre leurs mauvais désirs, en s’abandonnant à la jalousie injuste et impie, par laquelle la mort est entrée dans le monde.


Après avoir rapporté plusieurs exemples funestes de jalousie, tirés de l’Ancien Testament, il ajoute[2] :


Mais laissons là les anciens exemples, et venons aux athlètes qui ont combattu depuis peu. Prenons les illustres exemples de notre génération. C’est par suite de la jalousie et de la discorde[3] que les hommes grands et justes qui furent les colonnes de l’Église[4] ont été persécutés et ont combattu jusqu’à la mort[5]. Mettons-nous devant les yeux les saints apôtres, Pierre, par exemple, qui, par suite d’une

  1. Deutér., xxxii, 15.
  2. Ch. 5 et 6.
  3. Ms. du Fanar, διὰ ζῆλον καὶ ἔριν.
  4. Comparez Gal., ii, 9.
  5. Ms. du Fanar, ἤθλησαν.