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dans les fers ; mais on est loin de croire que tout soit fini, on prie Dieu de détourner les desseins pervers des gentils[1] et de délivrer son peuple de ceux qui le haïssent injustement[2].

La persécution de Domitien frappa également les juifs et les chrétiens[3]. La maison flavienne mit ainsi le comble à ses crimes, et devint pour les deux branches d’Israël la plus hideuse représentation de l’impiété[4]. Il n’est pas impossible que Josèphe ait été victime des dernières fureurs de la dynastie qu’il avait adulée. Passé l’année 93 ou 94, il n’est plus question de lui. Les ouvrages qu’en 93 il comptait exécuter, il ne les a pas écrits. À la date de 93, sa vie avait déjà été mise en danger par le fléau du temps, les délateurs. Deux fois il échappa au péril ; ceux qui l’avaient accusé furent même punis[5] ; mais l’habitude abominable de Domitien était, en pareil cas, de revenir sur les acquittements qu’il avait prononcés, et, après avoir châtié le délateur, de faire périr l’accusé. L’effroyable rage de meurtre que Domitien montra en 95 et

  1. Clem. Rom., Epist., 59 (édit. Phil. Bryenne) : τοὺς ἐν θλίψει ἡμῶν σῶσον… τοὺς πεπτωκότας ἔγειρον… λύτρωσαι τοὺς δεσμίους ἡμῶν.
  2. Ibid., ch. 60.
  3. Dion Cassius, l. c.
  4. IV Esdr., xii, 23-25.
  5. Jos., Vita, 76.