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juger les vivants et les morts, et rendre à chacun selon ses œuvres. Domitien n’eut que du mépris pour une telle simplicité ; il fit remettre en liberté les deux petits-neveux de Jésus. Il paraît que cet idéalisme naïf le rassura complètement sur les dangers politiques du christianisme, et qu’il donna ordre de cesser la persécution contre des rêves[1].

Certains indices, en effet, portent à croire que Domitien, vers la fin de sa vie, se relâcha de ses rigueurs[2]. On ne peut cependant rien dire de certain à cet égard ; car d’autres témoignages font penser que la situation de l’Église ne s’améliora que par l’avènement de Nerva[3]. Au moment où Clément écrit sa lettre, le feu paraît avoir diminué[4]. On est comme au lendemain d’une bataille ; on compte ceux qui sont tombés ; on s’apitoie sur ceux qui sont encore

  1. Hégésippe, dans Eus., H. E., III, xx, 7.
  2. Hégésippe, l. c. ; Tertullien, Apol., 5.
  3. Lactance (De mort. persec., 3) et Eusèbe (H. E., III, xx, 10, 11) le supposent, et Clément d’Alexandrie (dans Eus., H. E., III, xxiii, 6) est avec eux. Ce qu’il y a de plus grave, c’est que Dion Cassius (LXVIII, 1) attribue l’acquittement de ceux qui étaient accusés d’ἀσεϐεία, le rappel des exilés et l’édit de tolérance à Nerva. Si les cerdones de Juvénal (iv, 153) ont quelque chose à faire ici, ce serait là aussi une preuve que les sévérités contre les chrétiens ne finirent qu’avec la mort du tyran.
  4. Au lieu de γενομένας (ch. i, init.), la traduction syriaque suppose la leçon γινομένας, comme si la persécution durait encore.