Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/335

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pétuel reproche[1]. Vespasien (en 74) eut des raisons meilleures d’agir de même. Sa jeune dynastie était sapée chaque jour par l’esprit républicain que le stoïcisme entretenait ; il ne fit que se défendre en prenant des précautions contre ses plus mortels ennemis.

Domitien, pour être porté à persécuter les sages, n’eut besoin que de sa propre méchanceté. Il avait de bonne heure eu la haine des gens de lettres[2] ; toute pensée était une condamnation tacite de ses crimes et de sa médiocrité. Dans les derniers temps, il n’y put tenir. Un décret du sénat chassa les philosophes de Rome et de l’Italie[3]. Épictète, Dion Chrysostome, Artémidore partirent. La courageuse Sulpicia[4] osa élever la voix pour les bannis et adresser à Domitien des menaces prophétiques. Pline le jeune n’échappa que par mi-

  1. Ce ne fut pas par un édit en règle, comme Philostrate le ferait croire.
  2. Pline, Panég., ch. 95 ; Tacite, Agric., 2.
  3. Dion Cassius, LXVII, 13 ; Tacite, Agric., 2 ; Suétone, Dom., 10 ; Pline, Lettres, III, 11 ; Panég., 47 ; Aulu-Gelle, XV, 11 ; Arrien, Mém. sur Épictète, IV, i ; Lucien, Peregrinus, 4, 18 ; Philostrate, Apoll., VII, 1, 4 ; Vie des soph., I, 7 ; Suidas, au mot Δομετιανός ; Eusèbe, Chron., aux années 9 et 13 de Dom. L’opinion qu’il y eut deux expulsions des philosophes ne repose que sur une erreur d’Eusèbe.
  4. Satire, dans Wernsdorf, etc.