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besoin d’elle et se laisse entraîner à parler longuement d’elle. On ne peut se figurer que la femme que Dieu a choisie pour la féconder par l’Esprit soit une femme ordinaire ; c’est elle qui sert de garant à des parties entières de l’histoire évangélique[1] ; on lui crée dans l’Église un rôle chaque jour plus considérable[2].

Très-beaux et tout aussi peu historiques sont les récits propres au troisième Évangile sur la Passion, la mort et la résurrection de Jésus. En cette partie de son livre, Luc a presque abandonné son exemplaire de Marc et a suivi d’autres textes. Il en résulte un récit plus légendaire encore que celui de Matthieu. Tout y est exagéré. À Gethsémani[3], Luc ajoute l’ange, la sueur de sang, la guérison de l’oreille coupée. La comparution devant Hérode Antipas est toute de son invention. Le bel épisode des filles de Jérusalem, destiné à présenter la foule comme innocente de la mort de Jésus et à en rejeter tout l’odieux sur les grands et les chefs[4], la conversion d’un des malfaiteurs[5], la prière de Jésus pour

  1. Luc, ii, 19, 51.
  2. Luc, ch. i et ii (comp. Matth., i et ii) ; Act., i, 14 ; Justin, Dial. cum Tryph., 100.
  3. Luc, xx, 36-46.
  4. Luc, xxiii, 27-30.
  5. Luc, xxiii, 39-43.