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moisson mêlée[1], est également négligée. Un autre passage où l’on croit voir une injure contre les chrétiens qui s’affranchissaient de la Loi est rétorqué et devient une sortie contre les judéo-chrétiens[2]. La rigueur des principes de Paul sur l’esprit apostolique est encore poussée plus loin que dans Matthieu[3], et ce qu’il y a de grave, c’est que des préceptes adressés ailleurs au petit groupe des missionnaires s’appliquent ici à l’universalité des fidèles. « Si quelqu’un vient à moi et ne hait pas son père et sa mère, sa femme et ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple[4]. » « Quiconque ne renonce pas à tout ce qu’il a ne peut être mon disciple[5]. » Et, après ces sacrifices, il faut dire encore : « Nous n’avons fait que notre devoir ; nous sommes des serviteurs inutiles[6]. » Entre l’apôtre et Jésus, du reste, nulle différence. Celui qui entend l’apôtre entend Jésus ;

  1. Voir ci-dessus, p. 108-109.
  2. Luc, xiii, 27 ; comp. Matth., vii, 23. Voir ci-dessus, p. 108.
  3. Luc, ix, 62. Luc, ix, 59-60, se retrouve dans Matth., viii, 21-22 ; mais peut-être est-ce là un effet rétroactif de Luc sur Matthieu. Voir ci-dessus, p. 258, note 2.
  4. Luc, xiv, 26. Matth., x, 37, est bien plus doux.
  5. Luc, xiv, 33.
  6. Luc, xvii, 10.