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tolat ; la plénitude de leurs pouvoirs n’empêche pas qu’il n’y en ait pour d’autres…, « et, du reste, se hâte d’ajouter le sage disciple de Paul, ces pouvoirs eux-mêmes ne sont rien ; ce qui importe, c’est d’avoir, comme chaque fidèle, son nom écrit dans le Ciel[1] ». La foi est tout ; or la foi est un don de Dieu, qui la donne à qui il veut[2].

Sous un tel point de vue, le privilège des Abrahamides se réduisait à bien peu de chose[3]. Jésus, repoussé par les siens, n’a trouvé sa vraie famille que parmi les gentils. Des hommes de pays éloignés (les gentils de Paul) l’ont accepté pour roi, tandis que ses compatriotes, ceux dont il était le souverain naturel, lui ont signifié qu’ils ne voulaient pas de lui. Malheur à eux ! Quand le roi légitime reviendra, il les fera mettre à mort en sa présence[4]. Les juifs s’imaginent que, parce que Jésus a bu, mangé parmi eux, enseigné dans leurs rues, ils auront toujours leur privilège ; erreur ! Des gens du Nord et du Midi prendront place à la table d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, et eux se lamenteront à la

  1. Luc, x, 20.
  2. Luc, xvii, 5 ; xxii, 32.
  3. Luc, iii, 8-9 ; ce passage se retrouve dans Matthieu, iii, 7-10 ; peut-être y a-t-il été reporté de Luc.
  4. Luc, xix, 11-27.