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côté, par ses expressions latines, sa tournure générale, ses hébraïsmes, rappelle le Pasteur d’Hermas[1]. Le nom même de Lucanus est romain et peut se rattacher, par un lien de clientèle ou d’affranchissement, à quelque M. Annæus Lucanus, parent du célèbre poëte ; ce qui ferait une relation de plus avec cette famille Annæa, qu’on trouve partout sur ses pas quand on fouille la vieille poussière de la Rome chrétienne[2]. Les chapitres xxv et xxvi des Actes feraient croire que l’auteur eut des relations, comme Josèphe, avec Agrippa II, Bérénice et la petite coterie juive de Rome[3]. Il n’y a pas jusqu’à Hérode Antipas dont il ne cherche à diminuer les méfaits et à présenter l’intervention dans l’histoire évangélique comme bienveillante à quelques égards[4]. Ne peut-on pas trouver enfin une pratique romaine dans cette dédicace à Théophile, qui rappelle celle de Josèphe à Épaphrodite, et paraît tout à fait en dehors des habitudes syriennes et palestiniennes au ier siècle de notre ère ? On voit, du reste, combien une telle situation rappelle celle de Josèphe. Luc et Josèphe, écrivant presque en même temps, racontent

  1. Hermas, vis. iii, 1.
  2. Voir l’Antechrist, p. 12.
  3. Notez aussi Luc, viii, 3.
  4. Luc, ix, 7-9 (comparé à Marc, vi, 14 et suiv.), xxiii, 6-16. Luc supprime le récit du meurtre de Jean-Baptiste par Antipas.