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son Évangile, en combinant les textes antérieurs, et en ne s’interdisant pas plus que ses devanciers d’y intercaler ce que lui fournissaient la tradition et ses propres sentiments. Cet homme n’était autre que Lucanus ou Lucas, ce disciple que nous avons vu s’attacher à Paul en Macédoine, le suivre dans ses voyages, dans sa captivité, et jouer en sa correspondance un rôle important. On a le droit de supposer que, après la mort de Paul, il resta à Rome, et, comme il pouvait être jeune quand Paul le connut (vers l’an 52)[1], il n’aurait guère eu vers l’époque où nous sommes plus de soixante ans. Il n’est pas permis en de pareilles questions de s’exprimer avec certitude ; rien de très-grave, pourtant, ne s’oppose à ce qu’on tienne Luc pour l’auteur de l’Évangile qu’on lui attribue[2]. Luc n’avait pas assez de célébrité pour qu’on exploitât son nom en vue de donner de l’autorité à un livre, ainsi que cela eut lieu pour les apôtres Matthieu et Jean, plus tard pour Jacques, Pierre, etc.

La date ne saurait non plus laisser place à beaucoup d’incertitude. Tout le monde admet que le

  1. Saint Paul, p. 130 et suiv., 498 et suiv., etc. Canon de Muratori, lignes 3 et suiv. (lisez itineris socium, avec Bunsen). Irénée, III, i, 1.
  2. Voir Vie de Jésus, p. xlix et suiv.