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de commentaire des Évangiles, dont la suite historique eût été inintelligible sans les données que fournissait l’historien juif sur l’époque des Hérodes. Ils flattaient surtout une des théories favorites des chrétiens et fournissaient une des bases de l’apologétique chrétienne, par le récit du siège de Jérusalem[1].

Une des idées, en effet, auxquelles les chrétiens tenaient le plus, c’est que Jésus avait prédit la ruine de la ville rebelle à sa voix[2]. Quoi de plus fort, pour montrer l’accomplissement littéral de cette prophétie, que le récit, fait par un Juif, des atrocités inouïes qui accompagnèrent la destruction du temple[3] ? Josèphe devint ainsi un témoin fondamental et un supplément de la Bible. Il fut lu et copié assidûment par les chrétiens. Il s’en fit, si j’ose le dire, une édition chrétienne, où l’on put se permettre certaines corrections pour les passages qui choquaient les copistes. Trois passages surtout pré-

  1. Saint Justin ne paraît pas avoir connu les écrits de Josèphe ; mais l’auteur du roman de Clément les avait lus (Homél. v, 2). La première citation expresse est dans Théophile, Ad Autol., III, 23. Puis viennent Minucius Félix, 33 (passage douteux, voy. Halm) ; Cohortatio ad Græcos (faussement attribuée à Justin), 9 ; plus tard, Eusèbe, saint Chrysostome, saint Augustin.
  2. Matth., xxiii, 38 ; Luc, xiii, 33 ; xxiii, 27 et suiv., et les discours apocalyptiques.
  3. Minucius Félix, 33 ; Eusèbe, Démonstr. évang., VI, ch. 18 ; Théophanie, 8 et 9.