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tique : on sent à chaque page le parti pris de l’avocat, faisant flèche de tout bois. Josèphe ne fabrique pas de textes ; mais il reçoit de toute main ; les faux historiens, les classiques frelatés de l’école juive d’Alexandrie, les documents sans valeur entassés dans le livre « sur les Juifs » qui circulait sous le nom d’Alexandre Polyhistor[1], sont par lui avidement acceptés ; par lui cette littérature suspecte des Eupolème, des Cléodème, des soi-disant Hécatée d’Abdère, Démétrius de Phalère, etc., fait son entrée dans la science et la trouble gravement. Les apologistes et les historiens chrétiens, Justin, Clément d’Alexandrie, Eusèbe, Moïse de Khorène le suivront dans cette mauvaise voie. Le public auquel s’adressait Josèphe était superficiel en fait d’érudition ; il se contentait facilement ; la culture rationnelle du temps des Césars avait disparu ; l’esprit humain baissait rapidement et offrait à tous les charlatanismes une proie assurée.

Telle était cette littérature de juifs lettrés et libéraux, groupés autour des principaux représentants d’une dynastie libérale elle-même en son origine,

  1. Si l’on croit qu’un Περὶ Ἰουδαίων a été écrit par Polyhistor, il faut admettre au moins que ce célèbre érudit a été grossièrement trompé par les fraudes des Juifs d’Alexandrie. V. Mém. de l’Acad. des inscr., t. XXIII, 2e partie, p. 318.