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nous possédons nous-mêmes, mais qui, pour les périodes plus modernes, sont d’un intérêt de premier ordre, puisqu’elles remplissent une lacune dans la série de l’histoire sacrée.

Josèphe ajouta à ce curieux ouvrage, en guise d’appendice, une autobiographie ou plutôt une apologie de sa propre conduite[1]. Ses anciens ennemis de Galilée, qui, à tort ou à raison, le qualifiaient de traître, vivaient encore et ne lui laissaient pas de repos. Juste de Tibériade, écrivant de son côté l’histoire de la catastrophe de sa patrie, l’accusait de mensonge et présentait sa conduite en Galilée sous le jour le plus odieux[2]. Il faut rendre cette justice à Josèphe qu’il ne fit rien pour perdre ce dangereux rival, ce qui lui eût été facile, vu la faveur dont il jouissait en haut lieu. Josèphe, d’un autre côté, est assez faible, quand il se défend contre les accusations de Juste, en invoquant les approbations officielles de Titus et d’Agrippa. On ne peut trop regretter qu’un écrit qui nous eût montré l’histoire de la guerre de Judée écrite au point de vue révolutionnaire soit perdu pour nous[3]. Il semble du reste que les témoins de

  1. Cet écrit est antérieur à la mort de Domitien (voir ch. 76).
  2. Jos., Vita, 9, 17, 37, 65, 70, 74.
  3. Diog. Laërte, II, v, 41 ; Photius, cod. xxxiii ; Comment. sur l’œuvre des six jours, attribué à Eustathe, init. (Lyon, 1629, p. 1) ; saint Jérôme, De viris ill., 14 ; Suidas, au mot Τιϐεριάς.