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mais qui probablement se rattachaient aux relations de la famille Flavia avec les juifs, Clemens et Domitilla adoptèrent les mœurs juives, c’est-à-dire sans doute ce judaïsme mitigé, qui ne différait du christianisme que par l’importance attachée au rôle de Jésus. Ce judaïsme des prosélytes, borné aux préceptes noachiques, était justement celui que prêchait Josèphe, le client de la famille Flavia[1]. C’était celui que l’on représentait comme ayant été défini par l’accord de tous les apôtres à Jérusalem[2]. Clemens s’y laissa séduire. Peut-être Domitille alla-t-elle plus loin, et mérita-t-elle le nom de chrétienne[3]. Il ne faut rien exa-

    inscr. lat., VI, p. 172-173. — Les nouvelles découvertes dans le champ de l’archéologie et de l’épigraphie flaviennes (de Rossi, Bull. di arch. crist., 1875, 69 et suiv. ; Revue archéol., mars 1876, p. 172-174) n’ont rien changé à ces résultats.

  1. Ant., XX, ii, et Vita, 23.
  2. Le livre où se trouve ce canon prétendu de Jérusalem (Act., xv) fut justement rédigé à Rome vers ce temps. Voir ci-après, p. 446-447.
  3. Dion Cassius, LXVII, 14 ; Suétone, Domit., 15, n’impliquent rien qui dépasse le judaïsme. On a cru reconnaître notre Clemens dans le père du célèbre Onkélos, fils de Calonyme, prétendu neveu de Titus, qui, dit-on, se serait converti au judaïsme (Talm. de Bab., Gittin, 56 b ; Aboda zara, 11 a). Transcrits en hébreu, les noms de Clemens et de Calonyme diffèrent à peine ; mais on n’obtient cette combinaison qu’en attribuant à Calonyme ce qui est dit d’Onkélos. Le passage de Bruttius, allégué par Eusèbe (Chron., loc. cit. ; Hist. ecclés., III, 18), ferait nettement de Domitille une chrétienne ; mais Eusèbe ne le cite pas