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tioche, il est permis de regarder comme une tentative désespérée la prétention de démontrer que tout y est de bon aloi.

Si l’on excepte, en effet, l’épître aux Romains, pleine d’une énergie étrange, d’une sorte de feu sombre, et empreinte d’un caractère particulier d’originalité, les six autres épîtres, à part deux ou trois passages, sont froides, sans accent, d’une désespérante monotonie. Pas une de ces particularités vives qui donnent un cachet si frappant aux épîtres de saint Paul et même aux épîtres de saint Jacques, de Clément Romain. Ce sont des exhortations vagues, sans rapport personnel avec ceux à qui elles sont adressées, et toujours dominées par une idée fixe, l’accroissement du pouvoir épiscopal, la constitution de l’Église en une hiérarchie.

Certainement la remarquable évolution qui substitua à l’autorité collective de l’ἐκκλησία ou συναγωγή la direction des πρεσϐύτεροι ou ἐπίσκοποι (deux termes d’abord synonymes), et qui, parmi les πρεσϐύτεροι ou ἐπίσκοποι, en mit un hors de ligne pour être par excellence l’ἐπίσκοπος ou inspecteur des autres, commença de très-bonne heure. Mais il n’est pas croyable que, vers l’an 110 ou 115, ce mouvement fût aussi avancé que nous le voyons dans les épîtres ignatiennes. Pour l’auteur de ces curieux écrits, l’évêque