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Elle s’approche de lui et l’adore : « Il n’est pas juste de prendre le pain des enfants et de le donner aux chiens. — Sans doute ; mais les petits chiens mangent bien les miettes qui tombent sous la table de leur maître. — O femme, ta foi est grande ; qu’il soit fait selon ce que tu désires[1]. » Le païen converti finissait par l’emporter, à force d’humilité et à condition de subir d’abord le mauvais accueil d’une aristocratie qui voulait être flattée, sollicitée.

Un tel état d’esprit ne comportait à vrai dire qu’une seule haine, la haine du pharisien, du juif officiel. Le pharisien ou pour mieux dire l’hypocrite (car ce mot avait pris un sens abusif, comme chez nous le nom de « jésuite » s’applique à une foule de gens qui ne font pas partie de la compagnie fondée par Loyola) devait paraître le coupable par excellence, l’opposé en tout de Jésus. Notre Évangile groupe en une seule invective, pleine de virulence, tous les discours qu’à diverses reprises Jésus prononça contre les pharisiens[2]. L’auteur prit sans doute ce morceau dans quelque recueil antérieur qui n’avait pas le cadre ordinaire. Jésus y est censé avoir fait de nombreux voyages à Jérusalem ; le châtiment des phari-

  1. Matth., xv, 21-28. Cf. Marc, vii, 24-30, moins accusé.
  2. Matth., ch. xxiii entier.