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levain, sa force de fermentation ; le trésor caché et la perle pour laquelle on vend tout, son prix inestimable ; le filet, son succès, mêlé de dangers pour l’avenir. « Les premiers seront les derniers », « beaucoup d’appelés, peu d’élus »[1], telles étaient les maximes qu’on aimait à répéter. L’attente de Jésus surtout inspirait des comparaisons vives et fortes. Les images du voleur qui arrive quand on n’y pense pas, de l’éclair qui paraît à l’Occident sitôt qu’il a brillé en Orient, du figuier dont les jeunes pousses annoncent l’été, remplissaient les esprits. On se redisait enfin l’apologue charmant des jeunes filles prudentes et des jeunes folles[2], chef-d’œuvre de naïveté, d’art, d’esprit, de finesse. Les unes et les autres attendent l’époux ; mais, comme il tarde, toutes s’endorment. Or, au milieu de la nuit, éclate le cri : « Le voici ! le voici ! » Les vierges sages, qui ont emporté de l’huile dans des fioles, allument bien vite leurs lampes ; mais les petites étourdies restent confondues. Il n’y a pas de place pour elles dans la salle du festin.

Nous ne voulons pas dire que ces morceaux exquis ne soient pas de Jésus. La grande difficulté d’une histoire des origines du christianisme est de distinguer

  1. Matth., xx, 16 ; xxii, 14.
  2. Matth., xxv, 1 et suiv.