Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/244

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE XI.


SECRET DES BEAUTÉS DE L’ÉVANGILE.


Ce qui est sensible par-dessus tout dans le nouvel Évangile, c’est un immense progrès littéraire. L’effet général est celui d’un palais de fées, construit tout entier en pierres lumineuses. Un vague exquis dans les transitions et les liaisons chronologiques donne à cette compilation divine l’allure légère du récit d’un enfant. « À cette heure-là », « en ce temps-là », « ce jour-là », « il arriva que… », et une foule d’autres formules qui ont l’air d’être précises sans l’être, font planer la narration, comme un rêve, entre ciel et terre. Grâce à l’indécision des temps[1], le récit évangélique ne fait que frôler la réalité. Un génie aérien, qu’on touche, qu’on embrasse, mais qui ne se heurte jamais aux cailloux du chemin, nous

  1. Il en est de même des désignations de lieu. Ἐν ταῖς πόλεσιν αὐτῶν. Matth., xi, 1.