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devenir plus acceptable. Les miracles sont moins pesamment racontés[1] ; certaines prolixités sont omises[2]. Le matérialisme thaumaturgique, l’emploi des moyens naturels pour produire les miracles, signes caractéristiques de Marc, ont disparu ou à peu près dans Matthieu. Comparé à l’Évangile de Marc, l’Évangile attribué à Matthieu offre des corrections de goût et de tact[3]. Diverses inexactitudes sont rectifiées[4] ; des particularités esthétiquement faibles ou inexplicables sont supprimées ou éclaircies[5]. On a souvent considéré Marc comme un abréviateur de Matthieu. C’est le contraire qui est vrai ; seulement l’addition des

  1. Comp. Matth., viii, 18-27, à Marc, iv, 35-40 ; Matth., viii, 28-34, à Marc, v, 1-20 ; Matth., ix, 2 et suiv., à Marc, ii, 3-4 ; Matth., ix, 20 et suiv., à Marc, v, 25-26 ; Matth., ix, 23 et suiv., à Marc, v, 40-43 ; Matth., ix, 27-31, à Marc, viii, 22-26 ; Matth., ix, 32-33, à Marc, vii, 32-37 (cf. Matth., xii, 22) ; Matth., xv, 28, à Marc, vii, 30 ; Matth., xvii, 14-18, à Marc, ix, 16-29 ; Matth., xx, 29 et suiv., à Marc, x, 46.
  2. Matth., xxvi, 18, comparé à Marc, xiv, 13-15.
  3. Comp. Matth., xix, 16-24, et l’endroit parallèle dans Marc, x, 17, dans Luc, xviii, 18, et dans l’Évangile des Hébreux (Hilg., p. 16-17). La préoccupation du manger (Marc, iii, 20 ; v, 43 ; vi, 31) a disparu. Le foulon (Marc, ix, 21) disparaît aussi.
  4. Comp. Marc, ii, 26, et Matth., xii, 4.
  5. Marc, xi, 13 et suiv. ; Matth., xxi, 19 et suiv. Luc (xiii, 6 et suiv.) va plus loin ; il moralise toute l’histoire du figuier et en fait une charmante parabole. — La façon particulière de chasser le démon muet (Marc, ix, 29) est généralisée (Matth., xvii, 20).