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miracle facile. Certes, la légende se serait créée sans cela ; cependant, comme le mythe s’élaborait dans un milieu de gens qui avaient connu la famille de Jésus, une telle circonstance d’un vieux mari et d’une jeune femme n’était pas indifférente. Un trait fréquent dans les histoires hébraïques était de relever la puissance divine par la faiblesse même des instruments qu’elle employait. On se plaisait ainsi à faire naître les grands hommes de parents vieux ou longtemps stériles. La légende de Samuel engendra celle de Jean-Baptiste[1], celle de Jésus, celle de Marie elle-même[2]. Tout cela, d’un autre côté, provoquait l’objection des malveillants. La fable grossière inventée par les adversaires du christianisme, qui faisait naître Jésus d’une aventure scandaleuse avec le soldat Panthère[3], sortit sans trop d’effort du récit chrétien, récit qui présentait à l’imagination le tableau choquant d’une naissance où le père n’avait qu’un rôle apparent. Cette fable ne se

  1. Luc, i.
  2. Évang. de la nativité de Marie, dans Tischendorf. p. 106 et suiv. Au moyen âge, on remonta plus haut encore. Voir Hist. litt. de la Fr., t. XVIII, p. 834 et suiv.
  3. Acta Pilati, a, 2 ; Celse, dans Origène, Contre Celse, I, 28, 32 ; Talm. de Jér. Schabbath, xiv, 4 ; Aboda zara, ii, 2 ; Midrasch Koh., x, 5 ; Épiphane, hær., lxxviii, 7 ; saint Jean Damascène, De fide orthod., IV, 15.