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dehors du rôle divin prêté à la personne de Jésus, si peu de traits spécialement propres, que la rigoureuse distinction de ce qui est chrétien et de ce qui ne l’est pas devient par moments extrêmement délicate.

Un détail caractéristique des apocalypses sibyllines, c’est que, d’après elles, le monde finira par une conflagration. Plusieurs textes bibliques conduisaient à cette idée[1]. On ne la rencontre pas néanmoins dans la grande Apocalypse chrétienne, celle qui porte le nom de Jean. La première trace qu’on en trouve chez les chrétiens est dans la seconde Épître de Pierre, écrit supposé bien tardivement[2]. La croyance dont il s’agit paraît ainsi s’être développée dans le milieu alexandrin, et l’on est autorisé à croire qu’elle vint en partie de la philosophie grecque ; plusieurs écoles, en particulier les stoïciens, avaient pour principe que le monde serait consumé par le feu[3]. Les esséniens avaient adopté la même opinion[4] ; elle devint en quelque sorte la base de tous les écrits attribués à la Sibylle[5], tant que cette fiction

  1. Deuter., xxvii, 22 (Justin, Apol. I, 44, 60) ; Isaïe, lxvi, 15.
  2. II Petri, iii, 7, 12.
  3. Ἐκπύρωσις. Cf. Cic., Quæst. acad., II, 37 ; Ovide, Metam., I, 256 et suiv. ; Sénèque, Consol. ad Marciam, 26 ; Quæst. nat., III, 28 ; De monarchia, attribué à saint Justin, 3.
  4. Philosophumena, IX, 27 ; Josèphe, B. J., II, viii, 11.
  5. Voir, par exemple, II, 194 et suiv. ; III, 72 et suiv., 82 et