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fugitif, caché derrière l’Euphrate, tirera sa grande épée et repassera l’Euphrate avec des myriades d’hommes.

On voit quelle suite immédiate cet ouvrage fait à l’Apocalypse de Jean. Reprenant les idées du Voyant de 68 ou 69, le sibylliste de l’an 81 ou 82, confirmé dans ses sombres prévisions par l’éruption du Vésuve, relève la croyance populaire de Néron vivant au delà de l’Euphrate, et annonce son retour comme prochain. Quelques indices, en effet, font croire qu’il y eut un faux Néron sous Titus. Une tentative plus sérieuse eut lieu en 88, et faillit amener une guerre avec les Parthes[1]. La prophétie de notre sibylliste est sans doute antérieure à cette date. Il annonce, en effet, une guerre terrible ; or l’affaire du faux Néron, sous Titus, si elle eut lieu, ne fut pas sérieuse, et, quant au faux Néron de 88, il ne causa non plus qu’une fausse alerte[2].

Quand la piété, la foi, la justice auront entièrement disparu, quand personne n’aura plus souci des hommes pieux, que tous chercheront à les tuer, prenant plaisir à les insulter, plongeant les mains dans leur sang, alors on verra le bout de la patience

  1. Voir l’Antechrist, p. 319-320, note.
  2. « Mota prope Parthorum arma falsi Neronis ludibrio. » Tac., Hist., I, 2.