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épîtres circulaires qu’il adressait aux Églises[1]. Ce sont là de fortes présomptions en faveur de l’authenticité des lettres dont il s’agit. D’un autre côté, le goût pour les suppositions d’écrits était si répandu en ce temps parmi la société chrétienne, qu’on doit toujours se tenir en garde. Puisqu’il est prouvé qu’on ne se fit nul scrupule d’attribuer des lettres et d’autres écrits à Pierre, à Paul, à Jean, il n’y a pas d’objection préjudicielle à élever contre l’hypothèse d’écrits prêtés à des personnages de haute autorité, tels qu’Ignace et Polycarpe. C’est l’examen des pièces qui seul permet d’exprimer une opinion à cet égard. Or il est incontestable que la lecture des épîtres de saint Ignace inspire les plus graves soupçons et soulève des objections auxquelles on n’a pas encore bien répondu.

Pour un personnage comme saint Paul, dont nous possédons, de l’aveu de tous, quelques morceaux étendus, d’une authenticité indubitable, et dont la biographie est assez bien connue, la discussion des épîtres contestées a une base. On part des textes irrécusables et du cadre bien établi de la biographie ; on y compare les écrits douteux ; on voit s’ils concordent avec les données admises de tout le

  1. V. ci-après, p. 493, 494.